2. Sur la route du Mont-Cenis

Au début du XIXe siécle, le royaume de Piémont-Sardaigne - qui comprenait également la Savoie - décida la construction d'édifices fortifiés pour se protéger d'une éventuelle attaque française.

L'emplacement fut choisi en Savoie, entre Modane et le col du Mont-Cenis, au site de l'Esseillon.

Avec le Dauphiné et la Haute-Provence, la Savoie est l'une des trois régions qui constituent les Alpes Françaises. Ce massif montagneux, s'étendant du lac Léman à la Méditerranée, est traversé par de longues vallées, dont celle de la Maurienne où coule l'Arc. Continuellement encaissée, limitée au nord par le massif de la Vanoise, elle constitue l'un des plus longs couloirs alpins (118 kilomètres).

C'était la principale voie de communication de l'ancien Etat de Savoie. Elle permettait de joindre ses deux grandes villes : Chambéry et Turin, situées chacune d'un côté des Alpes.

Du Moyen Age jusqu'à nos jours, la Maurienne, en menant au col du Mont-Cenis, s'est trouvée être l'un des passages les plus fréquentés entre la France et l'Italie. On peut voir encore, vers Bonneval et Lanslebourg, une profusion de monuments religieux, témoins de la piété reconnaissante des pélerins qui revenant de Rome, avaient franchi les cols frontaliers sans encombre. C'est le long de cette route d'Italie que les Sardes décidérent de bâtir les forts de l'Esseillon.

Le site de l'Esseillon se trouve entre Modane et Lanslebourg, à 9,5 kilomètres de cette première ville, et entre 1 200 et 1 500 mètres d'altitude.

« En fait, le vieux fort, entouré de territoires vides, était comme une île perdue, à droite et à gauche, les montagnes, au sud, la longue vallée inhabitée et, de l'autre côté, la plaine des Tartares. »

Quatre forts et une redoute constituent l'ensemble de la fortification. Chacun porte le nom d'un membre de la famille royale de Piémont-Sardaigne : Victor-Emmanuel, Charles-Félix, Charles-Albert, Marie-Christine et Marie-Thérèse pour la redoute.

Sur la rive droite de l'Arc, les quatre forts occupent le sommet d'une falaise barrant la vallée. Ils sont évidemment tournés contre la France.

Reliés entre eux, aujourd'hui, par la route D 215, leur emplacement se situe sur le territoire de la commune d'Aussois. En arrière de cette ligne, sont installés le village de l'Esseillon et un cimetière militaire. Quant à la redoute Marie-Thérèse, elle se trouve sur la rive gauche de l'Arc et dépend de la commune d'Avrieux. Elle est en bordure de la route du col du Mont-Cenis (N 6).

Pour bâtir ces fortifications, les Sardes s'inspirérent des théories défensives d'un général et écrivain français: le marquis Marc-René de Montalembert.

Curieusement - et nous allons voir pourquoi - la Barrière de l'Esseillon est le seul exemple d'architecture « à la Montalembert», adaptée à un site montagneux, que l'on puisse voir dans notre pays.

« Jamais, de par là, n'était venu l'ennemi; jamais on n'y avait combattu; jamais rien n'y était arrivé.»



Sommaire

-. Présentation

1. Une architecture et un site romanesques

2. Sur la route du Mont-Cenis

3. Petite histoire des fortifications

4. Petite histoire de la Savoie

5. La construction des forts de l'Esseillon

6. Victor-Emmanuel, Charles-Félix, Charles-Albert, Marie-Christine et Marie-Thérèse

7. Le site et l'architecture

8. Qualités et défauts de la Barrière de l'Esseillon

9. Depuis 1860

10. Aujourd'hui et demain