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Le Chantier de Bénévoles Les Forts de l'Esseillon C'est Où? Photos Via Ferrata


Le site romanesque

La Barrière de l'Esseillon avec ses forts et ses paysages est un exemple d'une situation étrange que nous rencontrons dans le monde réel. Cette forteresse frontaliére est une énorme construction barrant la vallée, elle renfermait en ses murs puissants des centaines d'hommes.

Ces forts sont de colossales bâtisses en pierre de taille, nul ennemi n'est parvenu à venir jusqu'aux remparts de l'Esseillon.

La Barrière de l'Esseillon est composée de cinq forts : il y a la Redoute MARIE-THERESE, en face le Fort VICTOR-EMMANUEL puis toujours au nord de la Redoute, le Fort CHARLES-FELIX, le Fort MARIE-CHRISTINE et à l'est de ce dernier se trouve le Fort CHARLES-ALBERT. Tous ces forts barrent la vallée de la Maurienne, sur les hauteurs de Modane.


Histoire de la Savoie

Barrière naturelle entre la France et l'Italie, les Alpes constituaient un sérieux obstacle. Pour les franchir, le seul passage praticable fut pendant des siécles la route du Mont-cenis. Cette véritable porte des Alpes acquit un monopole pour le commerce entre la France et la péninsule. L'importance de cette route fut donnée par la Maison de Savoie. Placée sous son contrôle, elle était l'axe de l'Etat.

Au XI siécle, la Maison de Savoie s'allia au marquisat de Turin. Le Piémont fut ainsi rattaché à la Savoie, ce qui permit la constitution d'un puissant état s'étendant de chaque côté des Alpes.

Amédée VII fut en 1416 le premier Duc de Savoie. Il annexa le Piémont et acquit Genéve. On lui doit l'édification d'une chapelle à Chambéry et la reconstruction du château d'Annecy. Il fut nommé pape sous le nom de Félix V.


La construction des Forts de l'Esseillon

Le congrés de Vienne contraignit la France à verser une somme considérable qui devait être affectée à des constructions défensives. A l'époque, on parlait de 20 millions de francs… Une commission austro-sarde fut créée pour discuter et préparer les travaux à exécuter. Huit millions de francs furent attribués à la défense de la route du Mont-Cenis, c'est-à-dire à l'Esseillon, puisque c'est le site qui a été retenu.

En 1817, quatre ingénieurs dressérent le plan du terrain à fortifier. L'année suivante, deux entrepreneurs effectuérent des travaux de voirie pour faciliter l'accés, ils construisirent une route et un pont sur l'Arc : le pont du Diable.

Les quatre forts et la Redoute Marie-Thérèse, conçus d'aprés les théories de Montalembert, furent bâtis par trois entrepreneurs piémontais avec lesquels le gouvernement sarde passa un marché. Mais ce n'est qu'en 1820 que la construction proprement die débuta. On s'arrêta que treize ans plus tard, en 1833. Cet arrêt allait être définitif quoique d'importants travaux restassent à accomplir.

En 1825, on acheva la construction de la Redoute Marie-Thérèse. La partis basse de Victor-Emmanuel, également terminé reçu deux détachements : l'un du génie et l'autre d'artillerie.
A son tour, en 1827, Charles-Félix entra en service.
C'est en 1828 que Victor-Emmanuel fut complétement achevé et armé.
En 1830, avec l'achévement de Marie-Christine, la défense de la vallée de l'Arc était en place.

Pour protéger du côté du village d'Aussois, on entrepris de bâtir Charles-Albert, à six cents mètres de Marie-Christine, sue un mamelon appelé le Molard-Chomont.

Il y eut l'installation d'un pont tournant sur le ruisseau Sainte-Anne, en face de Marie-Thérèse, en 1850, et l'établissement d'un chemin pour piétons, en 1858, avec un pont suspendu sur l'Arc, plus cour que le Pont du Diable. Ce chemin allait du fort principal à la redoute.

La venue de Victor-Emmanuel II à Modane le 31 aoùt 1857, pour l'ouverture des travaux du tunnel Modane-Bardonecchia, ne fut peut-être pas étrangére à cette amélioration des voies de communication.


Sur la route du Mont-Cenis

Au début du XIX siécle, le royaume de Piémont-Sardaigne (qui comprenait la Savoie) décida de la construction de fortifications pour se protéger d'éventuelles attaques françaises. L'emplacement choisi se situait entre Modane et le col du Mont-Cenis, à l'Esseillon.

Avec le Dauphiné et la Haute-Provence, la Savoie est l'une des trois régions qui constituaient les Alpes Françaises. Ce massif s'étend du Lac Léman à la Méditerranée, il est traversé par des vallées, dont celle de la Maurienne où coule l'Arc. Limitée au nord par le massif de la Vanoise, elle constitue l'un des plus longs couloirs alpins avec 118 kilomètres.

Principale voie de communication de l'ancien état de Savoie, joignant Chambéry et Turin, situées chacune d'un côté des Alpes. Du moyen-âge jusqu'à nos jours, la Maurienne est un axe trés fréquenté entre la France et l'Italie. C'est le long de cette route entre ces deux pays que les Sardes bâtirent les Forts de l'Esseillon.

Le site de l'Esseillon se situe à 9,5 kilomètres de Modane et entre 1200 et 1500 m d'altitude. Sur la rive droite de l'Arc se trouvent les quatre forts qui se sont tournés contre la France. Sur la rive gauche, la Redoute Marie-Thérèse. Chacun des forts ainsi que la Redoute portent le nom de la famille royale de Piémont-Sardaigne.

Lors de la construction, les Sardes s'inspirérent des théories d'un général français : le marquis Marc-René de Montalembert qui est né en 1714 à Angoulême et mourut en 1800 à Paris. La Barrière de l'Esseillon est le seul exemple d'architecture " à la Montalembert " dans un site montagneux dans notre pays.


Histoire de fortification

Avec l'installation des villes, les murailles se révélérent indispensables : leur épaisseur et leur hauteur était leur grande efficacité protectrice.

Les remparts " à l'italienne " étaient constitués par une épaisseur de terre maçonne de chaque côté. Ce systéme fur adopté par les ingénieurs et architectes militaires de Henri IV et de Louis XIII.

Au XVII siécle, la méthode Vauban fit triomphe. Ces fortifications étaient en terrain plat, les fossés s'approfondirent, les tours et les murailles s'abaissérent, ces enceintes avaient un profil rasant.

Puis vînt, la méthode mit en évidence par Montalembert qui proposa un systéme de fortifications perpendiculaires et polygonales. Cette méthode fur rejetée en France. Ce sont les Sardes qui utilisérent ce systéme pour construire les Forts de l'Esseillon. C'est surtout avec eux que s'exprima la notion de liaison défensive assurée par les feux des différents ouvrages fortifiés et séparés.


Depuis 1860

Avec l'appui de la France, un royaume de Haute Italie commença de se constituer, unissant au Piémont la Lombardie, puis d'autres territoires, après les victoires franco-sardes aux batailles de Solferino et Magenta (1859).

En 1860, au traité de Turin, Napoléon III obtint la promesse d'un plébiscite concernant Nice et la Savoie. Cette ville et cette province devinrent française le 30 juin 1860.

L'empereur consentit à faire raser tous les forts. En effet, ils auraient pu servir aux français contre les Italiens.

Le 29 aoùt 1860, le général Frossard, aide de camp de Napoléon III, donna à l'officier commandant le Génie de Chambéry l'ordre d'abattre immédiatement Charles-Félix. Le démantélement de Charles-Félix demanda trois jours d'efforts à l'artillerie. Il avait été démoli trés vite, devant les Italiens, pour prouver la bonne foi de Napoléon III.

On peut penser que Charles-Félix, ainsi abattu, sauva les autres forts de la destruction. Soit paresse, soit plus vraisemblablement pare que les promesses politiques ne sont pas faites pour être tenues, l'ardeur destructrice des français s'éteignit.

Le pont du Diable. Cette passerelle suspendue, trés impressionnante, franchissait l'Arc. Il était interdit d'y marcher au pas à plus de trois personnes, le ballant créé risquant d'être dangereux. Le pont du Diable fut détruit deux fois : lors de la Premiére Guerre Mondiale et lors de la seconde. Il n'a pas été reconstruit depuis la libération. C'est l'Association des Forts de l'Esseillon qui l'a reconstruit et l'inaugura en 1991.


Aujourd'hui et demain

Représentant le seul exemple de fortifications " à la Montalembert ", en site montagneux, existant encore en France, la Barrière de l'Esseillon offre un intérêt de premier ordre pour ceux qui se préoccupent de notre patrimoine historique, architectural et naturel.

En 1963 fur créé un lieu où l'agrément, la détente, l'enrichissement culturel ont infiniment plus de valeur qu'ailleurs : le Parc National de la Vanoise.

En 1970, une association s'est constituée pour sortir la forteresse de l'oubli et lui redonner vie. Avec des jeunes bénévoles, des chantiers ont été organisés sur le Fort Marie-Christine, puis la Redoute Marie-Thérèse. La situation fonciére a pu être débloquée et, doucement, des activités naissent.

L'une des premiéres réalisations aura été l'installation, en 1973, de plus de huit cents statues provenant d'une donation. L'extraordinaire diversité des pièces (animaliéres, humaines, fantastiques, religieuses, historiques, ornementales), leur nombre, la qualité de leur exécution créent une atmosphére extraordinairement curieuse. Ce sont des modéles en plâtre sui servaient, à la fin du XIX siécle, à la fonte d'œuvres de bronze et de fer.

Des projets envisagent de transformer une partie de la forteresse en lieu d'hébergement préparant à la visite du Parc de la Vanoise. Les municipalités d'Aussois et d'Avrieux, l'Association " Les Forts de l'Esseillon " et la Direction du Parc ouvrent dans ce sens.

Alors, les forts seront certainement la plus exceptionnelle des portes d'un des plus merveilleux parcs d'Europe.

N'ayant pas vécu dans la guerre (qui s'en plaindrait) la Barrière vivra en paix.


Le site et l'architecture

Souvent, les réussites architecturales mettent en évidence deux notions : l'adéquation de l'édifice à l'usage prévu et son union avec le site. Beaucoup de grandes œuvres bâties sont inséparables d'u paysage : le Parthénon de l'Acropole, Chenonceaux de sa riviére, Notre-Dame de l'île de la Cité, et tant de châteaux fortifiés de leur promontoire rocheux ou de leur environnement d'eau… Il en va de même à l'Esseillon.

La Barrière de l'Esseillon est le mariage de l'ingéniosité humaine et de la Nature.

Les forts sont construits sur la crête d'un contrefort (chaîne de montagnes latérales, qui semblent servir d'appui à la chaîne principale) rocheux, orienté nord-sud, barrant presque toute la vallée. Ce contrefort constitue une véritable muraille, presque verticale, haute d'une centaine de mètres. Le contrefort se termine au sud par un ravin, creusé par l'Arc. Les parois en sont abruptes et peuvent atteindre une profondeur considérable : 160 mètres environ.

Ces deux Barrières rocheuses formant les côtés sud et ouest d'un quadrilatére naturel irrégulier. Le nord est délimité par la col d'Aussois. Quant au côté est, il est constitué par un torrent, affluent de l'Arc, qui coule du nord-ouest au sud-est entre deux rives escarpées.

Le relief du terrain étant accidenté, la surface au sol des forts ne pouvait être que restreinte.

L'ensemble de la défense comprend cinq bâtiments :
Victor-Emmanuel se compose de huit édifices, quasiment paralléles, qui s'étagent de 1270 mètres à 1370 mètres d'altitude
Charles-Félix posséde une faible surface et a une forme étoilée
Marie-Christine occupe le point le plus élevé : environ 1500 mètres d'altitude. Plus grand que Charles-Félix, il a la forme d'un hexagone quasi régulier
Marie-Thérèse sur la rive gauche de l'Arc, dans un demi-cercle formé par la route, à une altitude de 1250 mètres
Charles-Albert est implanté à six cents mètres de Marie-Christine, à la même altitude mais sa réalisation est inachevée


Victor-Emmanuel - Charles-Félix - Charles-Albert - Marie-Christine - Marie-Thérèse

Victor-Emmanuel I : il portait les prénoms de Gaston-Jean-Népomucéne et naquit à Turin le 24 juillet 1759, il mourut au château de Moncalieri, en Piémont, en 1824.

Charles-Félix : il naquit le 6 avril 1765 et mourut le 27 avril 1831. Il mourut sans postérité. Il laissa son trône à Charles-Albert, prince de Carignan, dont la famille appartenait à la branche cadette de la Maison de Savoie.

Charles-Albert : né en 1798, mort en exil à Oporto au Portugal.

Victor-Emmanuel II : né en 1820 à Turin, mort à Rome en 1878. C'est l'un des grands hommes de l'Italie

Marie-Thérèse est le nom d'une redoute de la Barrière de l'Esseillon.
Marie-Christine celui d'un fort.

Qui étaient ces deux femmes ?

Il existait dans la famille royale plusieurs femmes portant ces prénoms. A quelle Marie-Christine et à quelle Marie-Thérèse portent l'appellation de la redoute ou celle du fort ?

Voici ces princesses :
Marie-Christine : fille de Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles, née en 1779, morte en 1849, épouse de Charles-Félix.
Marie-Christine-Albertine de Saxe-Courlande : mére de Charles-Albert.

Marie-Thérèse de Bourbon : sœur de Louis XVI. Elle avait épousé le 6 septembre 1775, le futur Charles-Emmanuel IV, roi de Sardaigne.
Marie-Thérèse d'Autriche : en 1789, elle se maria avec celui qui deviendrait Victor-Emmanuel I, roi de Sardaigne.
Marie-Thérèse d'Autriche : fille du grand-duc de Toscane Ferdinand III. En 1817, elle épousa le futur Charles-Albert, roi de Sardaigne. Elle fut la mére de Victor-Emmanuel II.
Marie-Thérèse : fille de Victor-Emmanuel I. Elle eut pour époux Charles II, duc de Parme. Née le 19 septembre 1803, elle mourut le 16 juillet 1879. Son mariage eut lieu le 5 septembre 1820.


Qualités et défauts de la Barrière de l'Esseillon

Cet étrange ensemble architectural fut construit avec rigueur ? Etonnante est la solidité des forts. Les fondations de tous les bâtiments sont établies à même le roc. Les hauteurs des voùtes varient de quatre à six mètres. L'épaisseur des murs de façade varie de deux à quatre mètres.

Pourtant ces forts de construction irréprochables, qui épousent si bien le site, présentent quelques défauts de conception. Leurs faibles surfaces, par rapport au nombre de soldats et de bouches à feux, ont entraîné l'établissement de cours aux dimensions restreintes. Les rampes et les escaliers en occupent une grande place, les rampes sont raides et les voùtes ne sont pas trés hautes.

De plus, un défaut commun à tous les forts en maçonnerie provient de la nature même de la construction. Les embrasures, lorsqu'elles ont été endommagées par le feu ennemi, ne peuvent être remises en état durant la nuit.

En 1860, la Savoie devient française.

Un tunnel quelques années plus tard, permettait d'éviter le passage par le Mont-Cenis.